Comment il a atterri dans ma PAL celui-là, je ne sais plus trop... Mais une amie m'a convaincue de le lire récemment, parce qu'il a été un gros coup de coeur pour elle. [Et aussi un gros coup de coeur sur la blogo, de ce que j'ai vu ^^] Puis, une LC avec les pipelettes, ça ne se refuse pas ;) Du coup, j'ai commencé
Le monde de Charlie de Stephen Chbosky en début de mois. Je l'ai fini hier, et j'ai toujours du mal à savoir ce que j'en pense vraiment. Ma chronique s'annonce bien floue, et les mots durs à trouver ^^
Collection : Exprim'
Genre : roman
Public : dès 15 ans
Nombre de pages : 252
Date de parution : 21/11/2012
Prix : 13,50€
Résumé :
"Au lycée où il vient d'entrer, on trouve Charlie bizarre. Trop sensible, pas "raccord". Pour son prof de Lettres, c'est un prodige ; pour les autres, juste un freak. En attendant, il reste en marge - jusqu'au jour où deux étudiants, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile.
La musique, les filles, la fête : c'est tout un monde que Charlie découvre..."
Avis :
Ni un coup de coeur, ni une déception. Le monde de Charlie est un intrus, je n'arrive pas à le placer, à clairement dire s'il m'a plu ou non. Et je ne sais pas pourquoi. Ce qui m'intrigue encore plus. De mémoire, je pense bien que c'est la première fois qu'un livre me laisse dans un tel état, dans une telle... perplexité. Je ne sais pas comment faire mon avis, je ne sais pas comment dire ce que j'ai ressenti. Parce que c'est ça, le plus compliqué, c'est que j'ai ressenti des choses, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, à y mettre les mots. A croire que je ne suis pas "raccord", comme Charlie.
Charlie entre en seconde, dans un lycée où il ne connaît personne et où personne ne veut le connaître. Trop sensible, trop décalé, l'adolescent ne parvient pas à se faire d'amis. Il écrit donc, confiant ce qui lui arrive, ce qui lui est arrivé à quelqu'un dont le lecteur ne sait pas l'identité. Son prof de littérature qui lui donne des lectures et des rédactions supplémentaires, sa jeunesse, son affection pour sa famille, et, petit à petit, une vérité qui se dessine. Charlie nous raconte qu'il finit par se faire des amis, Sam et Patrick, et avec eux, il découvre un monde dont il n'avait pas idée, fait de fêtes, d'alcool, d'amour, d'espoir.
Autant démarrer cash : au début, je me suis demandé ce que j'allais faire de ce roman. L'arrêter, le mettre en pause, s'acharner ? J'avais dépassé les cinquante premières pages, j'avais l'impression de m'ennuyer, je n'accrochais pas à l'écriture de Charlie, à ses expressions, ni même à l'histoire. Je trouvais que c'était plat, à peine distrayant. Je cherchais de l'intensité, des sentiments à vous en broyer le coeur, de quoi me faire pleurer ou sourire, quelque chose d'accrocheur en somme, sans rien trouver. Mais, c'était une grosse révélation pour beaucoup, et je me suis dit que je passerais à côté du roman si je ne continuais pas. Donc, je n'ai pas reposé Le monde de Charlie et j'ai persévéré. Jusqu'au déclic, cet instant que je ne saurai situer, qui m'a figée, où Charlie a commencé à me parler. Est-ce l'évolution de son écriture ? le fait qu'il y ait eu un Charlie en moi ? ou juste l'obscurité qu'il y avait derrière sa solitude et son hypersensibilité ? Même là, je suis incapable de me décider.
A partir de là, ma lecture est devenu plus simple et j'ai eu plus d'empathie pour Charlie. Je l'ai mieux compris et je me suis posée plus de question sur lui. Il a fini par éveiller mon intérêt. Comme Charlie, on a tous connu des passages difficiles, et je crois que c'est ça qui m'a laissé froide un premier temps. Je ne voulais pas entendre parler de quelque chose que je connaissais, de secrets que j'avais enfouie. Je voulais fermer les yeux et faire comme on le fait tous : croire que j'avais oublié, qu'on a tourné la page. Mais Charlie a misé en pleine cible, par son discours, par son vécu, et m'a fait en plus une belle leçon. On ne tourne pas le dos à son passé sans l'accepter. Charlie nous parle de ce qu'il a vécu et vit sans artifice, il n'enjolive rien, ne cache rien. Son écriture, sans être crue pour autant, est juste innocente, si bien que l'on se demande au départ si Charlie a bien 15 ans, pourquoi son écriture est si simple. Ce n'est pas travaillé, ce n'est pas cherché. C'est comme si l'adolescent nous parlait directement, et pas au moyen d'une lettre. Et ça donne un fond plus réaliste à l'histoire, on n'est pas face à une caricature d'un lycée américain. Et le personnage n'est pas le plus populaire, loin de là.
C'est l'une des choses qui m'a retenue, avec l'envie de comprendre ce roman. Charlie est comme tout le monde. Ce n'est pas forcément l'ado que tout le monde s'attend à avoir dans un livre, ce n'est pas celui qui retient le plus l'attention. Et c'est là qu'il vous ressemble, qu'il me ressemble. Et que Le monde de Charlie se singularise. Si je n'ai pas tout de suite accrochée avec le personnage, je me suis retrouvée dans sa première année de lycée, dans sa solitude, dans son incompréhension. Ses mots, d'abord trop enfantins pour me toucher, ont fini par se faire un chemin jusqu'à mon coeur. J'ai alors vu Charlie autrement et j'ai arrêté de bloquer, pour me laisser pénétrer...
Pour autant, je ne suis pas allée jusqu'aux larmes, ou jusqu'aux éclats de rire. Ce qui m'a un peu déçue. Je m'attendais à un roman poignant, à vous tordre les tripes. Un manque de sensibilité ? Non, je ne crois pas. Serais-je passé à côté ? Non plus. Mais, je n'ai pas trouvé cette intensité que je recherchais, ces mots qui font larmoyer. Charlie m'a attendrie, m'a fait esquisser quelques sourires, et ça s'est arrêté là. Même si le roman me parlait enfin, tout est resté soft, presque en surface. J'ai été touchée, sans en être renversée. J'ai souri, sans étirer mes lèvres jusqu'aux oreilles. J'ai aimé, sans que mon coeur en batte la chamade.
Sauf que les dernières pages, la quatrième partie plus exactement, ont complètement changé la donne ! Je ne m'étais pas attendue à un tel rebondissement, une telle révélation. Et j'ai été incapable de le reposer, pas avant de tout savoir et d'être allée jusqu'au bout. C'a été un choc, une grosse émotion, une effroyable surprise. Sans que je m'y attende, j'ai su que même si Le monde de Charlie n'est pas le coup de coeur que j'aurais espéré et qu'il est très loin de la déception dont j'ai eu peur, son histoire m'aura marquée et restera un temps dans mon esprit, plus qu'un simple livre. Ne me reste plus qu'à découvrir son adaptation, si je l'ose...
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Le monde de Charlie aura été pour moi une bonne lecture, surprenante et inattendue. Et si les débuts ont été difficiles, je ne regrette en rien le temps que j'ai passé avec lui. Il en valait la peine ! Et s'il ne m'a pas touchée comme je l'attendais, je ne doute pas qu'il puisse réussir avec quelqu'un d'autre. Parce qu'il en a le potentiel.
[Merci, Charlie, pour ce que tu m'auras appris]