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samedi 2 mars 2013

=> La vie rachète la vie - Pierre Schmidt <=

Grâce à la Masse Critique de Babelio, organisée le 31 janvier dernier, j'ai reçu La vie rachète la vie de Pierre Schmidt. Le résumé me paraissait accrocheur et j'ai donc tenté ma chance. Après la surprise d'avoir été sélectionnée, l'attente pour la réception du roman... Aussitôt arrivé, aussitôt commencé ;)


Éditeur : Salvator
Thèmes : parents ados, alcoolisme, foi
Public : dès 18 ans
Nombre de pages : 191
Date de parution : 24/01/2013
Prix : 18,90€

Résumé :
"Alix est une jeune fille de 16 ans. Elle habite Compiègne avec sa mère alcoolique dans une maison au bord de l’Oise. Elle est enceinte d’un enfant de son ami, Arthur. A l'annonce de la grossesse de sa fille, la mère fait front, et l'encourage à suivre son intuition profonde. Alix veut donner la vie à cet enfant pour aller de l'avant et quitter la noirceur de son quotidien. Ce n'est pas l'avis du jeune père. 
Un vieux curé, le Père Martigue, accueille un peu las son jeune et nouveau vicaire, le Père François. Il est accablé et las. Sa paroisse est moribonde. Ses initiatives pastorales n'ont pas empêché son église de se vider. Avec le temps, il a perdu le lien affectif qu'il portait au Christ quand il était jeune prêtre. Sa vie lui paraît un sacrifice absurde et vain. 
Alix, sa mère et le prêtre : au même moment, ces trois personnages doivent engager un combat intérieur. Renoncer ou aller jusqu'au bout de leur choix. Chacun doit livrer un combat spirituel violent. Autour d'eux, l'entourage s'affole. Le passé terrible de la mère d'Alix refait surface. L'issue de ces trois combats et les conséquences des choix posés sur l'entourage de chacun amènera son lot de surprises et de drames. Mais au bout, la vie triomphe. 

L'analyse psychologique dépasse le stade de la psychologie pour se hisser jusqu'à la spiritualité. Toutes les vies, même les plus tragiques ont un sens."

Avis
J'ai un peu de mal à me faire un avis clair sur ce roman. Non pas que La vie rachète la vie ne m'ait pas plu, mais je crois que j'avais plus d'attentes sur l'intrigue et que certains aspects du livre m'ont quelque peu déçue. J'ai tout de même passé un chouette moment et découvert une histoire profonde, des personnages chamboulés et un nouvel auteur. :)

Alix apprend qu'elle est enceinte, à 16 ans. C'est l'occasion pour elle. Donner la vie, être capable de quelque chose, sortir de la grisaille. Mais son copain, Arthur, ne l'entend pas de la même manière. Il refuse ce bébé, refuse qu'Alix devienne mère. Pourtant, la jeune fille le veut. Même sa mère lui dit de suivre son instinct. Son alcoolique de mère, qu'elle retrouve chaque soir, le verre à la main, la bouteille sur la table. La jeune fille pourra-t-elle garder son enfant ? 
Dans la même ville, le père Martigue perd la foi. Où est Dieu ? Le père ne le voit plus. Il se sent trahit, désabusé. Son église est vide, ses croyances l'abandonnent. Et il doit former ce nouveau prêtre, François. Comment, alors qu'il ne croit plus en ce qu'il dit ? Martigue tombe dans une spirale, une déchéance, avec l'idée d'avoir été abusé toute sa vie. Mais si Dieu n'existe pas, en quoi a-t-il cru toutes ces années ? Et surtout, peut-il croire encore ? 

Un roman a trois voix, voire plus. Les paroles se suivent et se donnent. D'abord Alix, qui nous dépeint sa vie, sa ville [Compiègne], son histoire. Les doutes l'assaillent alors que la jeune fille découvre qu'elle est sur le point d'être mère. Est-ce raisonnable, à son âge ? Pourtant, elle le sent au fond d'elle, cet enfant, elle le veut ! Et elle est prête à tout pour l'avoir. Puis le père Martigue qui nous parle de sa chute, de la fin des illusions. Qui a l'impression d'avoir cru des mensonges, d'avoir fondé sa vie sur ces même mensonges. Perdu, le père Martigue ne sait plus, doute et finit par ne plus croire en ce qui le portait. Alix et le Père Martigue, ce sont les deux principaux personnages de ce récit, opposés et en même temps si proches. L'une à l'orée de la vie, encore capable de tout changer, de faire LE choix, l'autre au bout du rouleau, qui ne comprend plus les choix qui lui ont fait prendre le chemin de la foi. Mais ils se rassemblent parce que tout deux sont des personnages forts, qui vont se battre et lutter pour ce en quoi ils croient et ce en quoi ils ont cru. Pour la vie. 
A d'autres moments, la voix devient celle de l'entourage : la mère d'Alix, son copain, le principal du lycée de la jeune fille, un vieux vicaire, le père François, une paroissienne. Les points de vue se croisent, se mêlent, nous offrant une vue globale de chaque scène, un peu comme de lire le livre à travers un kaléidoscope. On observe ainsi les réactions d'Alix et de Martigue de l'intérieur comme de l'extérieur. Le roman se complexifie pour plonger dans la psychologie des personnages, nous dévoilant ainsi les secrets et les blessures que chacun souhaite cacher. C'était vraiment intéressant de pouvoir être un peu comme partout à la fois. Grâce à ça, on comprend un peu mieux les personnages et leurs choix, ce qui fait qu'ils en sont là à l'instant du roman. Mais l'écriture de l'auteur y contribue tout autant. Pierre Schmidt utilise des mots et des tournures qui vont au coeur des choses, sans passer par quatre chemins. Le tout devient alors juste et saisissant. Même si... 
Je n'ai pas accroché à certains dialogues, notamment entre Alix et Arthur... Leurs paroles semblaient incohérentes, presque folles. Elles ne convenaient pas à des ados, bien que grandissant avant l'âge. Je n'ai pas réussi à m'imaginer deux adolescents tenir un dialogue avec leurs mots, et pour le coup à rentrer dans ce qu'ils disaient. A l'inverse, j'ai totalement accroché aux autres dialogues, notamment aux paroles du Père Martigue. Ses mots étaient touchants et son histoire m'a rendu ce personnage très attachant. Ceux du principal m'ont également beaucoup plu, et bien que le personnage soit assez atypique, je l'ai trouvé sympathique. Il avait à coeur d'aider les autres, bien que ce soit d'une manière différente à l'idée de tous. J'ai beaucoup aimé cet aspect de sa personnalité. 
Du reste, malgré quelques accroches, quelques passages parfois longs, j'ai passé un bon moment. L'auteur a su dépeindre avec réalité son récit, son décor et ses personnages. On s'attache au roman pour la force qu'il donne, pour l'intensité des émotions et surtout pour son côté "vrai". L'ambiance était parfois dure, trop flous avec une multitude de questions dont on se demande quand viendront les réponses. La fin vient nous délivrer du poids des secrets, des mensonges et nous apporter un dernier message, un dernier espoir : "toutes les vies ont un sens". 

Et s'il ne fallait qu'une citation pour vous convaincre : 
"Les mollets nus tremblent sous la petite jupe, mais le pied ferme redonne un coup sec sur la pédale. Et en avant ! La lumière si faible de la grande bicyclette s'infiltre à nouveau dans ce noir nocturne, et la petite lueur avance en vacillant dans la nuée adverse. Oh !, elle n'éclaire rien ! Presque rien. Mais c'est une vivante luciole. Tenace. Heurtant les cailloux, la roue avant se soulève et le vélo se cabre comme un étalon sauvage. La poitrine frappe sur le guidon qui grince en s'agitant et fait tituber le vélo. Redresser, et avancer, vite, vite, vite. Le visage reste droit, mais ses yeux rougis par la fatigue ne voient presque rien. Avancer pourtant. Avancer, vite. Avancer sans voir, seulement deviner, garder les mains auxquelles le froid ne fait plus rien sentir, garder les mains sur le guidon glacé. Avancer encore. Pédaler contre le vent mesquin provoquant des frissons sous la jupe, mais qu'importe !... les jambes ne sentent plus rien non plus. Le corps s'oublie dans la course et sur le chemin qui mène à Compiègne entre les arbres, Alix ne pense déjà plus. Plongée tête en avant, l'adolescente, l'adolescente déjà adulte, roule dans la nuit sous cette pluie d'automne sans force, jamais violente, toujours glaciale."


Merci aux éditions Salvator et à la Masse Critique de Babelio pour ce partenariat !

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